
Titre : Le pacte de l’eau
Auteur : Abraham Verghese
Éditions : Flammarion
Publication : 21 août 2024
Genre : Roman, Littérature étrangère
Thèmes : Culture, Famille, Inde, Filiation, Médecine, Maladie, Amour, Ancêtres
Pages : 832
Prix : 24€90
Résumé :
Travancore, côte de Malabar, 1900. Une fillette monte à bord d’un bateau qui la conduit à la cérémonie de son mariage. Son futur époux est un bon parti, mais elle découvre bientôt que sa famille est frappée d’une étrange malédiction : à chaque nouvelle génération, au moins une personne meurt noyée – ironie du sort particulièrement cruelle dans cette région du Kerala où l’eau est omniprésente, modelant la terre en un entrelacs de lagons et de lacs, accompagnant les existences de son chant feutré, reliant toute chose dans le temps et dans l’espace. Au cours de sa longue et extraordinaire vie, tandis que sa famille évolue au gré des naissances et des disparitions, elle connaîtra la joie du grand amour, la douleur de pertes irréparables, et sera témoin des transformations majeures de son pays. Jusqu’à l’arrivée d’une petite-fille qui porte son nom et qui, cherchant à son tour à élucider cette malédiction mystérieuse, fait une découverte bouleversante.
Mon avis :
Avec « Le pacte de l’eau », Abraham Verghese livre une fresque culturelle, sociale et familiale sensible et empreinte d’une grande justesse. S’attachant à narrer l’histoire de nombreux personnages aux histoires et liens du sang entrecroisés, ce texte parvient à offrir une récit bouleversant, inattendu par sa grande richesse narrative et émotionnelle. Une découverte étourdissante, aussi inattendue que marquante !
C’est au creux de l’Inde, que s’établie le coeur de ce roman aux multiples facettes. La narration s’ouvre en 1900 sur le mariage d’une fillette de 12 ans avec un bon parti, dont elle découvre des années plus tard que la famille est frappée d’une étrange malédiction. À chaque génération, une personne meurt noyée. Un sort tristement ironique dans cette région du Kerala où l’eau est omniprésente… De cette découverte, s’ouvre une large fresque ponctuée de pertes déchirantes, de grands amours et d’une filiation complexe, nouée de secrets et de sentiments. S’enchainent les générations, jusqu’à l’arrivée d’une petite-fille qui, cherchant à son tour à élucider la malédiction, fait une découverte bouleversante…
Ce roman parvient à partager le regard riche et singulier de l’auteur sur une Inde occupée puis indépendante. Abordant notamment l’éducation et le rapport à la religion par différents prismes, Abraham Verghese s’applique à constituer une large fresque sociale à travers les destins croisés des membres d’une même famille, étalés sur de nombreuses générations. C’est particulièrement autour de la figure de la matriarche que se déploie l’essence des multiples intrigues. Ainsi, de son mariage à ses petits enfants, Big Ammachi imprègne les pages de ce roman.
Par la profession de certains personnages, une large part du roman s’articule autour de la médecine. La discipline s’illustre à travers des descriptions précises et soignées, manifestement scientifiques. Si cet aspect semble étonnant et quelque peu dissonant, il s’accorde indéniablement à la plume d’Abraham Verghese et caractérise rapidement une large part de l’intrigue.
« La pacte de l’eau » est un ouvrage incroyablement émouvant et singulier par les existences qu’il dépeint. Abraham Verghese y offre une galerie de personnages d’un réalisme saisissant. Décortiquant avec une pudeur sincère la psyché de ses personnages, l’auteur parvient à caractériser les traumatismes de chacun, conférant au texte une part emphatique bouleversante et attachante. Une oeuvre construite par la compassion du lecteur, l’intelligence et la pudeur de la plume de son auteur et la force de caractère d’un pays. « Le pacte de l’eau » est une lecture mémorable !
