Annie Ernaux narre la passion, sa puissance et sa mélancolie dans « Passion simple »

Titre : Passion simple

Autrice : Annie Ernaux

Éditions : Folio

Publication : 4 janvier 1994

Genre : Roman contemporain

Thèmes : Passion, Sentiment, Quotidien, Romance

Pages : 77

Prix : 6€90


Résumé :

« A partir du mois de septembre l’année dernière, je n’ai plus rien fait d’autre qu’attendre un homme : qu’il me téléphone et qu’il vienne chez moi. »


Mon avis :

Annie Ernaux délivre entre les pages de ce court texte une passion fulgurante et débordante qui l’a animé durant dans son passé. Récit de l’intime mais universel par les sentiments qu’il transcrit, cette histoire est celle de la banalité du quotidien, traversé par la puissance des sentiments. Riche de sa plume défaite et plate, Annie Ernaux s’attache à la simplicité de son expérience par un regard critique, presque externe, qui s’intègre ponctuellement à la narration bouchée de sentiments aussi mélo-dramatique que passionnel.

Dans « Passion simple », Annie Ernaux retranscrit sa passion pour un homme dont on sait très peu de choses, si ce n’est qu’il est marié et diplomate étranger. Amoureuse, elle narre son désir, vigoureux sentiment qui lui fait perdre toute notion du temps. Pages après pages, le lecteur est invité à patienter auprès de la narratrice. Comme indéfiniment, les coups de fils se font attendre, troublant celle qui ne semble exister plus que dans le sursis. Elle ne veut pas louper la possible rencontre, la venu de cet homme jusqu’à elle, alors elle se laisse simplement engloutir par cette passion éphémère.

Les intervalles, moment de ruptures et d’absences construisent ce texte. Car « Passion simple » ne puise pas sa force dans les moments passionnels évoqués, à peine effleurés par l’autrice. C’est par des instants de battements, où la passion s’exprime par un manque incontrôlable, que l’autrice parvient à dire sa passion insatiable. « Passion simple » s’appuie sur une temporalité inédite, mue par une attente comme hors de tout repères : un espace-temps unique, dissociant l’âme passionnée de ce qui l’entoure, la plongeant dans une expectative indéfinie…

À son habitude, Annie Ernaux conserve une plume sans esthétisme particulier, laissant son texte être porté par sa simplicité et son réel aussi cru que cotonneux. Plonger dans une intimité sensuelle et sensible telle que celle proposée par l’autrice a de quoi secouer. Mais il n’est rien de tel qu’une histoire envoutante de réalisme pour perdre tout discernement et absorber l’essence d’une narration aussi pure que celle d’Annie Ernaux. Un court texte à découvrir !

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