Plongée dramatique au coeur de « Les vallées closes » de Mickaël Brun-Arnaud…

Titre : Les vallées closes

Auteur : Mickaël Brun-Arnaud

Éditions : Robert Laffont

Publication : 19 janvier 2023

Genre : Roman Contemporain, Drame

Thèmes : Famille, Province, Homosexualité, Handicap

Pages : 288

Prix : 20€


Résumé :

Qui peut dire ce qu’il s’est vraiment passé cette nuit où Paul-Marie, employé de mairie bien sous tous rapports, a recueilli chez lui Enzo, jeune adulte atteint de déficience intellectuelle ?
Dans ce village reculé de Provence où les préjugés sont rois et où l’on condamne toute forme de différence, la vérité importe peu. Et Paul-Marie est contraint de se cacher dans le grenier de Claude, sa mère, pour échapper à la vindicte populaire.


Mon avis :

Roman choral construit sur une alternance des temporalités, « Les vallées closes » détonne par sa langue et la part sordide qui s’y dessine. Avec une plume crue et affirmée, Mickaël Brun-Arnaud met en exergue la différence, la maternité, les préjugés… Autant de sujets forts qui se révèlent rapidement graves et dérangeants entre ces pages. « Les vallées closes » est un récit dramatique parfois choquant par son absence de filtre, qui esquisse des relations humaines complexes, forgées par l’étroitesse d’esprit de personnages cloitrés dans un milieu rural stéréotypé…

Au coeur d’une Provence profonde, à la manière d’un huit-clos, se dessinent dans ce roman les portraits de trois personnages : Claude, Paul-Marie et Enzo. Hantés et poursuivit par les traces d’une nuit, au cours de laquelle Paul-Marie a recueilli chez lui Enzo, un jeune adulte atteint de déficience intellectuelle, ils se démènent avec une fatalité écrasante, qui semble établie au coeur de ces vallées.

C’est avec conviction que Mickaël Brun Arnaud convie son lectorat au sein de cet univers aussi réaliste que sordide. Tout y semble laid et le moindre espoir rayé ; un sentiment en grande partie porté par la plume outrancière, parfois vulgaire adoptée par l’auteur. « Les vallées closes » projette une image sombre, saturée par une haine indue de la campagne… La fatalité semble faire loi dans ce livre tout comme le sang et les larmes. Si l’amour s’y immisce, ce sentiment se révèle dur, exprimé avec une violence inquiétante… Bien que l’exubérante sordidité du roman s’affirme comme un parti pris, elle semble parfois ronger l’intrigue et empiéter sur l’approfondissement des relations humaines qui y figurent.

Mais que « Les vallées closes » soit apprécié ou non, ce roman délivre une réelle expérience de lecture. Par une plume habilement tournée, Mickaël-Brun Arnaud contraint son lectorat à prendre le personnage de Paul-Marie en pitié, alors même que celui-ci semble moralement répréhensible. L’érigeant comme personnage sacrificiel, le roman donne à voir l’innocence de cet homme pourtant condamnable. C’est en quelque sorte ce tour de force, délicatement conduit par l’auteur, qui forge l’essence du roman.

Une lecture aussi déstabilisante que saisissante par la violence sournoise et l’amour marginal qui y figurent. L’écriture cinglante de Mickaël Brun-Arnaud révulse ou accapare le lecteur… Mais elle s’active à transcrire un réalisme social occulte, travestit par l’intolérance et les préjugés…

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