« L’année de grâce » un roman captivant et glaçant, par Kim Liggett

Titre : L’année de grâce

Autrice : Kim Ligget

Éditions : Casterman

Publication : 7 octobre 2020

Pages : 448

Genre : Roman Young Adult, Dystopie, Féminisme

Prix : 19€90


Résumé :

« Personne ne parle de l’année de grâce. C’est interdit.
Nous aurions soi-disant le pouvoir d’attirer les hommes et de rendre les épouses folles de jalousie. Notre peau dégagerait l’essence pure de la jeune fille, de la femme en
devenir. C’est pourquoi nous sommes bannies l’année de nos seize ans : notre magie doit se dissiper dans la nature afin que nous puissions réintégrer la communauté.
Pourtant, je ne me sens pas magique.
Ni puissante. »

Un an d’exil en forêt.
Un an d’épreuves.
On ne revient pas indemne de l’année de grâce.
Si on en revient.


Mon avis :

« L’année de grâce » est un roman surprenant, parfois addictif, troublant ou encore sombre. Il est de ces romans dont on ne sait pas quoi penser tant il permet d’aborder de sujets et tant son histoire est originale. En effet, je ressors de cette lecture avec un sentiment bizarre, comme-ci je ne savais pas quoi en penser réellement malgré le fait que j’ai plein de choses a dire à son sujet…

Avec ce roman, nous plongeons dans un univers plutôt désolant, et ce particulièrement pour la cause féminine. À l’age de 16 ans, les jeunes femmes sont envoyées en année de grâce, juste après la cérémonie du voile, durant laquelle les hommes choisissent leurs futures épouses. Affublé d’un voile pour celle ayant été choisie, et honteuse pour les autres, les jeunes femmes prennent le chemin pour leur année de grâce, une année durant laquelle elles sont censée faire peaux neuves, s’être débarrassées de la magie qui est en elles. Car à 16 ans, les femmes sont ensorcelantes et attirantes. Une magie à laquelle les hommes ont beaucoup de mal à resister…

Pour se débarrasser de cette « magie », elles sont envoyées dans la foret, à la merci des braconniers qui cherchent à les abattre pour récolter l’essence pure qui se dégage de leur peau, de la faim, et surtout de la folie. Cette année d’exil et d’épreuves terribles permettra aux jeunes femmes de réintégrer la communauté, débarrassée de tous pouvoirs… Mais ce, seulement si elles y survivent.

Cette dystopie m’a surprise pour la force de ses messages et le réalisme qui se dégage de cette histoire. Kim Liggett dépeint avec beaucoup de détails et de références à des légendes, mythes et croyances, une société au sein de laquelle les hommes ont tous les pouvoirs et tous les droits. Une société terrible et inquiétante mais empreinte de tout ce qui a régit et régit aussi notre monde. Ce roman est triste, d’autant plus qu’il résonnera dans l’esprit de nombreuses femmes, car même à travers l’extrémité de l’univers crée par l’autrice, nous sommes malheureusement obligés d’affirmer que certains mots, certains passages font écho à des gestes et des paroles entendues et subies par chacune d’entre nous aujourd’hui.

C’est avec des personnages forts et bien travaillés, que Kim Liggett parvient à nous embarquer dans l’effroyable réalité de ce roman… Nous découvrons à travers les yeux de Tierney des personnages odieux. L’héroïne entre justement dans son année de grâce et c’est avec elle que nous allons découvrir la réalité derrière cette société pourrie jusqu’à la moelle. Forte de caractère, elle n’attire pas les hommes et cherche à se faire oublier pour conserver sa liberté. Car au coeur d’une population conditionnée et vivant dans l’ignorance, chaque acte est susceptible de porter préjudice aux femmes.

Vous l’aurez compris, ce roman est riche tant dans l’univers développé que dans les questionnements abordé sous couvert d’une dystopie.

Mais malgré tous les bons points de ce roman, je n’en ressors pas totalement convaincu… Entre un début très, voir trop lent, et une fin qui manque de détails, je n’ai pas spécialement apprécié le découpage narratif du roman. Cela étant, il n’en était pas moins addictif. Car ce livre sait captiver, et ce, que l’on accroche ou non à l’histoire. Je pense que cela est avant tout du à la plume de Kim Liggett.

Un autre bémol : une petite romance se cache dans ce livre. Bien qu’elle permette de faire avancer le récit et d’accéder à de nombreuses clés dans sa compréhension, celle-ci m’a un peu dérangée… Elle m’a semblé de trop, comme si elle contredisait la nature même de Tierney, l’héroïne qui se veut indépendante et libre.

Mis à part cela, je pense que tous les lecteurs de « L’année de grâce » s’accorderont à dire que ce livre dégage quelque chose de puissant et qu’il est tout bonnement marquant ! Un livre à découvrir, à questionner et surtout, une bonne base pour aborder des sujets tels que les croyances, la crédulité, le conditionnement des populations et la place de la femme dans nos sociétés d’hier et d’aujourd’hui !

Note : 4 sur 5.

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