« Filles du vent » de Mathilde Faure un coup de coeur, coup de poing

Titre : Filles du vent

Autrice : Mathilde Faure

Éditions : Charleston

Publication : 9 Mars 2021

Genre : Roman Contemporain engagé

Thèmes : Aide Social à l’Enfance, Adolescence, Féminisme, Engagement, Voyage, Amitié

Pages : 256

Prix : 19€


Résumé :

L’escale. Ce joli pavillon blanc de banlieue parisienne abrite huit adolescentes, leur passé et leurs souffrances, des jeunes filles « placées » en foyer. Il y a Assa, la bonne élève, sérieuse, qui se réfugie dans la littérature pour ne rien laisser paraître de ses blessures ; Céline, la fugueuse récidiviste attirée par les beaux parleurs et l’argent prétendument facile ; Lina, qui se cache dans ses joggings et joue à la dure. Elles ne s’aiment pas particulièrement, s’évitent même.

Mais à l’automne 2019, quand la vague #noustoutes déferle sur la France, c’est ensemble qu’elles embarquent pour une fugue itinérante. Armées de feuilles et de marqueurs, elles collent leurs revendications et slogans sur les murs des grandes villes, les beaux immeubles et les gros ensembles, avec pour but de faire entendre la voix des jeunes filles placées, et de leur donner enfin une place.

Avec humour et finesse, Mathilde Faure dépeint les réalités d’une jeunesse trop souvent invisible et nous entraîne dans une folle fugue où nos héroïnes se découvrent elles-mêmes et comprennent la puissance de la sororité. 


Mon avis :

Aujourd’hui, cela fait 50 ans que la tribune, publiée dans l’Obs et signée « 343 Salopes » a changé l’histoire de l’avortement en France. À l’occasion, je vous propose de découvrir mon avis sur une histoire qui s’appuie en partie sur ces femmes qui ont fait l’histoire et qui inspirent encore aujourd’hui une jeunesse revendicatrice !

Poing levé et collage pour dessiner des profils oubliés. « Filles du vent » est un livre important qui fait résonner à travers les voix de trois jeunes mineures placées, le sort de nombreuses jeunes femmes invisibles. Ce livre est un coup de coeur pour son histoire, sa plume, son engagement et sa force pure, l’ouvrir c’est accepter de se confronter à une réalité trop souvent cachée, celle d’enfances brisées et mises de côtés.

« MINEURE PLACÉE, JAMAIS À SA PLACE »

Dans ce roman, nous faisons la rencontre de trois adolescentes placées dans un foyer à Argenteuil. Lina, Assa et Céline ne partagent rien si ce n’est le quotidien si particulier des mineurs de la protection de l’enfance. Chacune d’elles cache un passé compliqué, une jeunesse déjà écoulée et de lourds secrets. Mais au fond d’elles, elles ont beaucoup de choses à dire, même si elles n’en ont pas conscience.

Assa cherche à passer inaperçue, elle se réfugie dans ses études et dans la littérature pour oublier une histoire familiale douloureuse. Elle rêve d’une adolescence plus commune et est très secrète. Lina, elle, est habitée par une grande violence et cherche à ne coller à aucune des étiquettes que lui colle la société. Céline, déscolarisée tente d’appeler au secours à force de fugues. Sa vie l’ennui et elle tente d’exister en se prostituant…

Sous la volonté de Lina, les adolescentes vont fuguer. Toutes trois veulent exister mais au sein d’une société qui les ignore, rien n’est aisé. C’est à travers la découverte du Mouvement de Libération des Femmes qu’elles vont décider de faire entendre leur réalité. Trouvant en ces revendications un echo à leurs propres histoires tout en ayant le sentiment de ne pas être représentées, Lina, Céline et Assa vont alors couvrir les façades des plus grandes villes de France de leurs revendications. Des collages qui porteront la voix des adolescentes invisibles mais qui porteront aussi une quête d’identité nécessaire à l’épanouissement de ces jeunes détruites.

« Est-ce qu’à Strasbourg aussi des enfants sont placés ? J’ai du mal à y croire, mais sûrement, la galère n’a pas de frontière. »

Ce livre m’a ouvert les yeux sur une réalité que je ne connaissais pas, celle du quotidien des mineures placées, des jeunes femmes qui se battent pour leurs futurs. À travers ce roman puissant, nous sommes immergé aux côtés de ces trois adolescentes mais surtout face à la violence de leurs vies. C’est dur, cela semble inaccessible mais Mathilde Faure nous entraine avec sa plume aux côtés de ces trois identités bien loin des clichés des enfants de l’ASE.

Mais « Filles du vent » est bien plus que tout cela. Ce livre offre un regard plein d’espoir sur une jeunesse révoltée qui veut faire bouger les choses. Pages après pages, les jeunes femmes envisagent la possibilité d’une place dans la société. C’est à travers une fugues itinérantes et des collages aux sonorités marquantes que Lina, Céline te Assa découvrent ce que veut dire « féminisme » de même que « sororité« . Des mots qui vont transformer leurs regards et leurs relations.

À travers leurs combat pour faire entendre l’existence des mineures placées, les trois jeunes femmes vont aussi rencontrer qui elles sont réellement. En s’engageant dans cette lutte, elles s’autorisent à découvrir la force de l’amitié et l’importance d’écrire soit même sa propre histoire. « Filles du vent » n’est en aucun cas l’un de ces livres presque documentaire. Mathilde Faure parvient à nous inclure dans ce récit, à congédier toute forme impersonnelle. Ce livre trace à lui seul l’histoire de toutes ces jeunes femmes placer et ce, en dépeignant trois histoires plus personnelles et intimes. C’est beau et difficile mais important à lire.

Ce livre m’a faite trembler et surtout il à été une véritable claque. Le message d’espoir qu’il porte m’a semblé tout bonnement essentiel. Chaque phrase de Mathilde Faure va droit au but. La plume peut sembler parfois brutale mais elle reflète à merveille l’histoire de ces adolescentes, bercées par la violence. Chaque mot à son importance, comme chacune des existences. C’est intelligemment abordé, volontairement incisif et percutant, bref, une petite perle tant pour son histoire que pour la façon dont celle-ci est narrée.

Je ne saurais m’arrêter d’en parler, de partager la force de cette lecture. Mais pour véritablement la comprendre, il faut simplement se plonger dans cette lecture et accepter de se faire bousculer par les mots et par des quotidiens qui jusqu’ici étaient tus.

Une réflexion sur “« Filles du vent » de Mathilde Faure un coup de coeur, coup de poing

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